Deux frères, de la magie et une dragonne

« Les ténèbres ont un cœur de lumière.
Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui.

Une nouvelle grande saga de fantasy. Les mages bleus, servants de l’Équilibre, ont été décimés, mais l’un des leurs a survécu au prix de son honneur, guidé par le besoin impérieux de transmettre la vie. Ses fils : Cerdric et Ceredawn, nés pour devenir les héros de ce voyage riche en périls, depuis les Marches jusqu’au séminaire d’Atilda. »

   La fantasy, c’est un peu mon genre « pantoufle ». C’est avec les livres de fantasy jeunesse que j’ai appris à aimer lire. Ainsi ça me fait toujours du bien d’y revenir lorsque ça fait quelque temps que je n’en ai pas lu, un peu comme une base nécessaire. Alors, fin juin, je n’ai pas hésité à renflouer mes réserves pour les mois à venir, notamment avec la réedition du premier tome du Livre de l’Enigme, « Source des Tempêtes » écrit par Nathalie Dau. A sa réedition, le livre a tourné sur pas mal de blogs et de chaines booktubes, ce qui m’a alléchée et intriguée. Et ça a été une très bonne découverte, bien que quelques petits points ont un peu gâter mon plaisir.

   J’ai vraiment aimé le personnage de Cerdric, ainsi que sa relation très particulière avec son frère. Ce qui est réellement appréciable avec Cerdric, c’est qu’il est complètement ordinaire. Confronté à la solitude, il peut être parfois irritant à l’entendre s’apitoyer sur son sort ou à force de succomber à sa trop grande susceptibilité. Mais il est aussi très sensible et tente d’être juste et droit. Ce qui en fait un personnage complexe et nuancé que l’on peut rencontrer nous-même dans notre réalité, et terriblement convaincant. Il n’a pas de pouvoir magique puissant. La seule chose qu’il désire, c’est préserver sa famille ; c’est-à-dire Ceredawn, son frère, qui, lui, a été élevé pour tenir le rôle de « sauveur des mages bleus et de l’Equilibre ». De plus, les autres personnages sont aussi très intéressants et forme une toile alambiquée et pleine de tonalité dans un univers très bien construit. Bien que je trouve que certains personnages auraient pu être encore plus travaillés, notamment les personnages féminins.

  Le deuxième point qui m’a vraiment enthousiasmé dans ce roman, c’est l’univers complexe qui se mets peu à peu en place. L’immersion qui se fait dès le départ, et de manière totale, peut cependant s’avérer assez difficile lors des premiers chapitres. Ainsi, on retrouve un tout nouveau découpage du temps et des mots n’appartenant qu’au monde dans lequel évolue Cerdric. Et ce n’est pas réellement expliqué, c’est au lecteur de découvrir et de comprendre ces éléments au fil des pages. Ce qui, à mon sens, n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela empêche le récit de rentrer dans des descriptions explicatives qui auraient pu le rendre lourd. De plus la carte et le tableau intégrés au livre aide à la compréhension de l’histoire et de son monde, ce  qui fait que le lecteur n’est pas complétement perdu au tout début, et il s’y fait finalement très rapidemment. Les créatures magiques présentes sont intégrées avec naturel et sans lourdeur, ce qui est réellement appréciable. Elles ne sont pas uniquement présentes car elles sont magiques, mais bien parce qu’elles ont un rôle à jouer dans l’intrigue. La société que l’on découvre au fur et à mesure que Cerdric grandit m’a beaucoup plu. Elle semble au premier abord assez binaire, ce qui m’a à plusieures reprise laissée perplexe, avec une partie qui se range du côté de l’ordre et de la loi et une autre qui se place sous les auspices du chaos et du mal. Cependant, les limites entre les deux finissent par se flouter, et on finit par se retrouver face au questionnement du bien et du mal et du bien fondé de certaines valeurs ou idées, à travers Cerdric.

  C’est avec un style bien construit et au language soutenu qu’on entre dans l’oeuvre de Nathalie Dau. Sans être révolutionnaire ; c’est travaillé, c’est beau et on déguste le récit avec plaisir. Le rythme n’est pas toujours le même et alterne entre des éclats de vies décrits avec lenteur et des actions rapides ; ce qui rends l’histoire à la fois dynamique mais très convaincante. Cependant, il y a quand même quelques longueurs dans certains passages, mais cela ne gâte pas vraiment la lecture.

  Toutefois, quelque chose à quand même réellement gêné mon appréciation du livre et m’a fait soupirer pas mal de fois en roulant les yeux : le présence très (très!) régulière de violences sexuelles. La présence de certains viols sont nécessaires au déroulement de l’histoire et à l’évolution de la psychologie des personnages, soit. Le monde dans lequel évoluent les personnages est très violent de base et il faut le faire comprendre, soit. Je sais que je suis, d’une manière générale, plus facilement choquée par les violences sexuelles que par toutes les autres formes de violence. Mais au bout d’un moment, c’est devenu vraiment lourd de tomber tout les deux chapitres sur un viol ou un attouchement, surtout que c’est très souvent les enfants qui en font les frais. Ca a finit par me mettre réellement mal à l’aise. Pas mal de ces scènes m’ont laissée très perplexe quand à leur pertinence dans l’intrigue ; je ne voyais tout simplement pas pourquoi elles étaient là. Ce n’est pas la présence de ces agréssions qui ont finit par réellement m’irriter, mais bien le fait qu’elles revenaient sans cesse dès qu’une occasion se présentait et de manière un peu gratuite. Et c’est seulement parce que l’histoire et ses personnages m’intéressaient réellement que je n’ai pas laissé tomber le récit à mi-chemin.

  Malgré ce dernier point, qui a été quand même assez handicapant pour ma lecture, j’ai globalement été ravie de découvrir ce premier tome ainsi que Nathalie Dau, dont j’irai sûrement voir les autres oeuvres. Je ne conseillerai peut-être pas à tout le monde ce livre à cause de la très grande violence, mais tout les amateurs de fantasy devraient apprécier.

L&C

7 commentaires sur “Deux frères, de la magie et une dragonne

  1. Quelle plaisir de te lire, et merci pour cette critique très détaillée qui m’a donné envie de lire ce livre une fois que j’aurais terminé les 50 000 autres qui m’attendent 🙂

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  2. A ne pas mettre entre toutes les mains, c’est sur ! Mais les passages de violence sexuelle sont suggestifs sans pour autant être choquants. Et ils font beaucoup réfléchir, ce qui est important aussi je trouve !

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    1. Comme dit, c’est bien plus la grande fréquence de ces passages que les passages en eux même qui ont finis par me gêner 😉 J’avais l’impression que la plupart n’était là que pour bien appuyer sur la violence de l’univers et il manquait souvent un développement psychologique. Par contre, certains de ces passages sont en effet nécessaires pour l’histoire et étaient très bien traités et je n’ai aucun soucis avec ceux là! Pour ce qui est de la réflexion que cela peut amener, je ne sais pas si c’est parce que je suis déjà bien sensible sur le sujet, mais cela n’a pas enrichit la mienne. Par contre, si ça peut aider certains à y réfléchir plus, j’en suis contente.
      Bien entendu, il ne s’agit que de mon avis personnel et de ma réception au livre, mais j’ai vraiment été gênée et un peu lassée par le fait qu’il y ait autant de violences sexuelles de manière un peu gratuite.
      Merci de ton commentaire et de ton avis en tout cas 😀

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