Pour le thème du mois de mars, j’ai choisi de lire Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka que Cocolanoix m’a si gentiment prêté. Ce petit roman au point de vue si particulier m’a beaucoup touchée et j’ai bien failli finir par pleurer plusieurs fois.
Je ne pourrai vous parler ni de personnage, ni d’intrigue au sens propre du terme parce qu’il n’y en a pas vraiment. L’auteur a fait le parti pris d’écrire le récit à la première personne du pluriel. C’est donc une voix commune qui s’adresse au lecteur, l’emportant dans un tourbillon de témoignages et d’émotion. Le récit est aussi ponctué de pensées individuelles des différentes femmes ; cela coupe la voix multiple et donne un rythme que j’ai personnellement apprécié. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde et que ça peut déranger, néanmoins, pour ma part, cela a juste aider à augmenter l’émotion que je ressentais lors de certains passages.
Ce que j’ai particulièrement apprécié aussi c’est le fait que Julie Otsuka aborde un sujet qui n’est pas forcément connu de tous, le rapport entre les immigrés japonais – ainsi que les américains d’origine japonaise bien entendu – et les autres citoyens aux Etats-Unis. Elle y expose plusieurs sujets très importants et assez dur comme le viol conjugal, le racisme ainsi que la déportation des gens d’origine japonaise faite par les Etats-Unis lors de la Seconde Guerre Mondiale. Il en ressort alors un rapport assez étrange entre « les japonais » et « les américains » que j’ai trouvé intéressant et nuancé. On découvre un racisme qui est beaucoup plus « ordinaire » que « violent » : ainsi un certain attachement semble se former mais il est basé sur des préjugés ainsi que sur leur capacité à travailler. Cette espèce d’attachement reste dans une relation de domination. De plus, ce n’est que des mois plus tard que les habitants commencent à s’interroger sur le lieu de déportation des « japonais » ; pour finalement finir par les oublier et remplacer la main-d’œuvre que ces derniers ont laissés vacant.
De plus, dans ce livre on ressent très bien la méfiance envers les « japonais » par les autres citoyens ; mais aussi, celle des « japonais » envers eux-mêmes. Un des points forts de ce roman est en effet le fait que le lecteur perçoit très bien chacune des émotions et leur nuance transmise par le texte.
C’est aussi l’intimité des familles et d’une communauté que dépeint Otsuka à travers son œuvre. On assiste alors à un kaléidoscope d’expériences et de moments de vie, parfois très durs et tristes, mais aussi remplis de bonheur et d’amour.
J’ai donc beaucoup apprécié ce petit livre qui m’a donné envie de me renseigner un peu plus sur les déportations aux Etats-Unis lors de la Seconde Guerre Mondiale, qui n’est pas facilement abordé.
L&C