Challenge #7 : Dessines moi un mouton

   Oui, je sais, je saute deux mois du challenge. J’ai lu Alice au pays des merveilles pour le mois de mai et j’ai beaucoup apprécié. Mais je n’ai pas énormément de chose à en dire. Et il y a d’autres livres que j’ai lu entre temps dont je préférerai vous parler – les articles arriveront sous peu. Et pour le mois de juin, ben j’avais tout simplement pas envie de science-fiction. Donc je reprends avec le mois de juillet et rattrape enfin mon retard héhé. Place maintenant au véritable article!

couv-roi-des-scarabées-620x840Je suis tombée sur Le roi des Scarabées d’Anne-Caroline Pondolfo et de Terkel Risbjerg complètement par hasard en vagabondant dans les allées de la médiathèque côté BD qui ne me sont pas particulièrement familières. Le titre m’a intrigué, le résumé aussi, je l’ai donc emprunté. Et j’ai bien apprécié le moment que j’ai passé à lire cette douce-amère bande dessinée.

   Le roi des Scarabée, c’est la quête du sens de la vie, la volonté d’accomplissement personnel. J’aime beaucoup ce thème et j’ai trouvé qu’il était bien traité dans ce livre. Le personnage principal, Aksel, part du rêve d’un enfant pour s’élancer dans la réalité de l’adulte. Il oscille ainsi entre relations passionnées et désillusions personnelles. Je n’ai pas particulièrement apprécié – ni même déprécié d’ailleurs – le personnage d’Aksel. Je dois avouer que je l’ai trouvé un peu creux et passif, sans pour autant qu’il me soit antipathique. Je pense que c’était voulu, sa vie est marquée, et je dirai même hantée par les personnes qui en font partie. Il est balloté par les envies des autres, par les représentations idéalisées qu’il construit autour de ces différentes personnes. Je pense notamment à sa mère, à Fredrik ou encore à Sofie. Décalé avec la réalité, perdu dans les rêves des autres sans être sûr de ses envies propres, Aksel m’a inspiré à la fois une tendresse douce et une exaspération résignée. Je n’ai pas ressenti grand-chose pour les autres personnages non plus que l’on voit avec les yeux d’Aksel ; à part celui de Soren que j’ai beaucoup aimé. Soren est doux, gentil et passionné des scarabées. Je pense que c’est le personnage le plus important et le plus intéressant de l’histoire, surtout avec la fin qui m’a beaucoup surprise.

 J’ai vraiment aimé l’atmosphère qui se dégageait autour du personnage et de son histoire. C’est poétique et surtout c’est un message d’amour à l’imaginaire et aux rêves qui peuplent l’enfance. Et ça, moi, ça me touche. C’est à la fois doux et amer. Cette atmosphère particulière est renforcée par les dessins. En noir et blanc, à priori très simples, ils se concentrent sur des détails, par exemple les yeux des personnages. Les fonds sont assez vides. Tout se joue dans les contrastes du blanc et du noir. Si au premier abord, je n’aimais pas trop ce style, j’ai fini par trouver qu’il collait parfaitement à l’atmosphère.

  Je suis sortie de cette lecture avec un sentiment assez étrange, à la fois sereine et un peu triste. Je n’ai pas du tout regretté d’être tombée dessus et je la conseille vivement à tout le monde voulant passer un moment agréable.

L&C

Un témoignage, un peu d’égoïsme et beaucoup d’enfance

Ecrits d’après les histoires vraies d’Esther A., Les Cahiers d’Esther nous plongent dans le quotidien d’une fille de 10 ans qui nous parle de son école, ses amis, sa famille, ses idoles.
Que sont Tal, Kendji Girac ou bien les têtes brûlées ? Quels sont les critères de beauté que doivent avoir les garçons et les filles pour être populaires ? Comment fait-on quand on a des copines plus riches que soi ? Qu’est-ce que le petit pont massacreur ? Comment les attentats du 7 janvier ont-ils été vécus dans la classe d’Esther ? Comment faire quand on a peur d’avoir des gros seins ?

J’avais déjà pu apprécier le travail de Riad Sattouf avec Les Pauvres Aventures de Jérémie. C’est donc avec enthousiasme que je me suis plongée dans la vie de la petite Esther âgée de neuf ans. Et j’ai vraiment aimé! On redécouvre l’enfance au fil des expériences de la petite fille. A chaque page, une nouvelle mésaventure qui rythme l’enfance est racontée par Esther elle-même. Elles sont très souvent drôles, parfois légèrement choquantes et quelques fois attendrissantes. Ainsi, des sujets de toute sortes sont abordés ; certains sont délicats (comme les réactions face à l’homosexualité, le racisme ou encore le suicide) ; et d’autres complètements liés à l’intimité familiale d’Esther. J’ai trouvé particulièrement intéressant le fait qu’Esther revienne sur des jugements faits à la va-vite pour suivre ses camarades et finit par remettre en question des actes et des paroles sans réflexion.

Le monde d’Esther, sa famille, son école et ses vacances m’ont rappelés ma propre enfance. Avec ses belles découvertes, ses questions perpétuelles mais aussi ses plus ou moins grandes méchancetés. En effet, les « jolies petites têtes blondes » font parfois preuves de cruauté et ce n’est pas omis du témoignage! Et la petite héroïne de ce livre ne fait pas exception à la règle. Ainsi, elle est souvent superficielle et égoïste. Cependant, cela ne m’a pas empêché de m’attacher à elle. J’ai même réellement apprécié ce côté. On y retrouve l’enfance en entier, les belles choses autant que les petites erreurs auxquelles l’ignorance peut mener. Mais, le jugement et le cynisme n’est pas de mise dans le ton de Sattouf et ces erreurs sont toujours mises en avant avec légèreté et sans défaitisme, ce que je salue.

Les dessins sont assez simples. Beaucoup de textes les accompagnent et on se concentre sur les paroles simples d’Esther. La façon de parler de la petite fille m’a beaucoup fait pensé au petit Nicolas, et cela m’a beaucoup fait sourire. Cette bande dessinée se dévore avec facilité et avec un véritable plaisir.

L&C